« Nous ne nous tairons plus » : au-delà du buzz, la tribune de 17 anciennes ministres « contre le sexisme » signe peut-être l’avènement du féminisme en politique.


DE BAS LES MASQUES À « BAS LES PATTES »
Cette prise de parole des femmes qui travaillent au cœur du pouvoir, si elle se généralise, et surtout, si elle est valorisée, précède peut-être l’éclatement d’une série de scandales. C’est en tout cas ce qui s’est passé pour la pédophilie, un sujet sous le boisseau jusqu’à ce que les témoignages d’enfants violés dans l’émission Bas les masques de Mireille Dumas en 1995 fassent sauter le tabou médiatique. Avant cela, les abus sexuels envers les enfants faisaient rarement la une des journaux.
Les critiques de ces deniers jours à l’encontre de Denis Baupin et de Donald Trump illustrent ce décalage culturel. Ces deux hommes de pouvoir sont mis en cause par des femmes dénonçant leur comportement inapproprié. Sans doute n’avaient-ils rien vu venir, trompés par le sentiment de légitimité que confère une position dominante. Sinon, comment expliquer que Denis Baupin ait posé avec du rouge à lèvres le 8 mars, photo qui a poussé ses victimes à s’exprimer ?
#mettezdurouge contre les violences faites aux femmes. Des députés s’engagent #8mars https://t.co/nN6PtOl22P pic.twitter.com/XGoVOKnzaY
— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) 8 mars 2016
Et comment expliquer que Donald Trump ait multiplié les propos méprisants envers les femmes, allant jusqu’à promettre de punir celles qui avortent, alors même qu’il cherche à gagner leur vote ? Parce qu’il ne démord pas de sa conviction selon laquelle « les femmes, il faut les traiter comme de la merde ». Las, ce machisme revendiqué a incité des femmes qu’il a harcelées à tout raconter au New York Times, dans une enquête qui vient de paraitre.
Un jour, quand les femmes n’auront plus du tout peur de l’ouvrir, les proclamations misogynes dans l’espace public reculeront largement. Mais il y a encore du boulot. En politique, dans les milieux d’affaires, dans le cinéma (haut lieu de pouvoir) : lors de la cérémonie d’ouverture du festival de Cannes, la blague du comédien Laurent Lafitte faisant allusion au viol incestueux dont est accusé Woody Allen a provoqué un scandale international, tandis que sa boutade machiste « Cannes est une femme, et une femme, c’est comme une belle bagnole, alors quoi de plus normal que le réalisateur de Mad Max pour présider le jury ? » est passée totalement inaperçue.
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4 réponses
L’ouvrir et être solidaire de celles qui l’ouvrent !
Tout à fait Julie, c’est le secret de la réussite !
« Dans toute peur il y a un désir, dans tout désir il y a une peur » ; le muscle puis la religion se sont chargés du reste.
Quand on voit l’état du monde, des rapports sociaux et humains sous domination masculine : la cause des femmes c’est le combat contre la barbarie.