Comment et pourquoi Paris est-elle devenue, en quinze ans, la capitale européenne des squats d’artistes ? Grâce aussi au soutien municipal, de Delanoë à Hidalgo. Au printemps 2017, un festival parisien a réuni des squatteurs du monde entier.

JAMAIS LA VIE DE BOHÈME N’A EU AUTANT DE LÉGITIMITÉ
En quinze ans, dans le sillage du sauvetage du squat Rivoli, des centaines de lieux ont ouvert, parfois expulsés très vite par les autorités mais, de plus en plus, reconnus, c’est-à-dire considérés comme étant membres à part entière du mouvement urbain, de cette mixité sociale qui ne veut pas disparaître, de cette volonté acharnée de vivre dans Paris, malgré le peu de moyens qui les caractérisent et les poussent, par nécessité, à squatter, c’est-à-dire à s’emparer illégalement de leurs propres moyens de subsistance.
Venant d’Italie, de Roumanie, du Japon, des centaines d’artistes convergent vers Paris et viennent s’installer dans ces lieux précaires, rejouant la vie de bohème du Bateau Lavoir ou de la Ruche de Montparnasse, un siècle plus tôt. Jamais des vies illégales n’ont eu autant de légitimité dans la ville-lumière.
Dans son programme, rien n’indique d’ailleurs qu’Anne Hidalgo ait une volonté d’infléchir ou de changer le volet de la politique culturelle consacré aux collectifs d’artistes. Au contraire, elle s’en revendique et affirme qu’elle poursuivra ce que Delanoë a commencé.
Au soir de son élection, dans son bureau qui surplombe la Seine, Anne Hidalgo regarde le fleuve descendre sous ses fenêtres et suivre son éternel cours.
Est-ce le même fleuve ?
Ou jamais le même ?
Le temps passe.
L’air de rien, Paris est devenue la capitale européenne des squats d’artistes.
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