Le remplacement progressif des espaces naturels par des sols artificialisés détruit le fonctionnement des écosystèmes et ruine la biodiversité. Voici comment.

Or, pour construire nos habitations ou nous déplacer, nous recouvrons la surface de la planète de matériaux qui empêchent ces micro-organismes de respirer, et qui anéantissent toute vie en profondeur. Chaque année, en Europe, plus de 1 000 km² de nouvelles terres sont ainsi utilisées et la moitié de cette surface est totalement imperméabilisée.
RECOUVERTS DE BITUME
On dit qu’un sol est « imperméabilisé » (ou minéralisé) lorsqu’il est recouvert d’un matériau imperméable à l’eau et l’air. C’est le cas des routes, des aéroports, des zones urbaines recouverts de bitume. Un sol est dit « artificialisé » quand il est constitué d’une surface qui n’est pas laissée en libre évolution (chemins gravillonnés, pelouses, cultures…). S’il n’est pas nécessairement imperméable, il perd en revanche ses fonctions écologiques ; mais cette atteinte peut être réversible.
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[accordion title= »La formation du sol, un processus très lent » load= »hide »]Pour que le sol atteigne un centimètre d’épaisseur, il s’écoule entre cinquante et mille ans de modifications et d’altérations de la roche-mère. Des siècles sont nécessaires pour fabriquer le substrat sur lequel pourront s’enraciner les plantes qui produiront alors notre alimentation et notre oxygène. Il ne faut en revanche que quelques minutes pour anéantir tout ce travail naturel et rendre une surface de sol totalement impropre à la vie.[/accordion]
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C’est pourquoi d’année en année le niveau des nappes phréatiques diminue et les inondations deviennent plus fréquentes. Si l’eau ne peut pas s’infiltrer dans le sol, elle ruisselle, charriant souvent sur son passage des résidus toxiques et des déchets. Outre l’impact sur l’hydrologie, les sols anthropisés empêchent également la filtration de certains polluants, que l’action biologique (dans les racines des plantes par exemple) ou mécanique (filtration entre les diverses tailles de particules du sol) aurait permise, et favorisent la répercussion du bruit et concentrent la chaleur.
LAISSER-ALLER POLITIQUE
Face à l’ampleur des destructions, la Feuille de route pour une Europe efficace dans l’utilisation de ses ressources a fixé dès 2011 l’objectif de « supprimer d’ici à 2050 toute augmentation nette de la surface de terres occupées ». Notons cependant l’emploi du terme « augmentation nette » : cela signifie qu’il est possible d’artificialiser une certaine surface à la condition de réhabiliter une superficie équivalente ailleurs. Il est donc possible de recouvrir 10 km² de bitume étouffant le sol, si l’on délaisse l’utilisation de loisirs de 10 km² de pelouse par exemple… Un objectif finalement assez peu contraignant…
•Rapport de l’INRA de 2017 sur l’artificialisation des sols.
• Patricia Touyre. Le monde secret du sol. 114 pages. Éd. Delachaux et Niestlé. 2001.
• Sur The Conversation (27/08/2018) : Nicolas Hulot voulait « zéro artificialisation nette des sols ».
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