Pour leur première grève scolaire climatique, vendredi 15 février devant le ministère de la Transition écologique, les jeunes ont été complétement encerclés par les CRS. Reportage.

Le mouvement, mondial, a été lancé à l’initiative de la jeune suédoise Greta Thunberg : ce sont les enfants, maintenant, qui donnent des leçons aux parents… Certains commencent en séchant les cours tous les vendredis, ce sont les « Climate Friday », mouvement solidaire et très certainement une nouvelle façon d’apprendre à devenir activiste et citoyen.
PLUS LE PRIX EST ÉLEVÉ, PLUS IL EST ILLISIBLE
Boulevard Saint-Germain, l’ambiance est étrangement calme. Je passe devant Les Deux Magots, Le Flore, remplis de touristes et de quelques Français qui se prélassent en terrasse… et je m’arrête devant la vitrine Louis Vuitton international. Il y a là, empilées, les fameuses malles monogrammées, je tente de lire une sorte de cartel où sont inscrits les prix. Mais plus le prix est élevé, plus il se fait discret, voire illisible… en zoomant à l’aide de mon smartphone, je finis par saisir les zéros qui me séparent d’une malle : cette valise coûte 6 000 €. Le magasin est pour l’instant vide, deux vendeuses papotent en attendant l’arrivée d’un(e) client(e) fortuné(e).
Une nostalgie m’envahit en voyant l’innocence de cette jeunesse qui revendique la liberté. Il y a ces jeunes filles que je photographie, nous discutons, elles sont heureuses d’être là, de faire quelque chose, d’échanger, fières de montrer leur engagement, fières de se mobiliser pour une cause juste et urgente, elles rayonnent. Ce qui les fait rayonner, n’est pas de l’uranium, personne n’arrivera à bout de cette énergie et pourtant c’est elle qu’on veut museler partout pour continuer dans le fossile.
Un jeune plus zélé que les autres, avec son mégaphone, s’écrie : « Allez, on va à l’Élysée ! » Ses ailes se ratatinent rapidement sur un bouclier de CRS qui l’empêche littéralement de sortir du périmètre. Personne ne peut sortir, nous sommes piégés, seules nos voix peuvent passer, les slogans s’enchaînent : « Et 1, et 2, et 3 degrés ! C’est un crime contre l’humanité ! » puis « Macron, démission ! » puis « On est plus chauds, plus chauds., plus chauds que le climat ! » puis un grand « AAaaahaaaahh… (à la Cloclo) puis un « Anti, anti, anti, anti, anticapitaliste ! » Voilà, le capitalisme n’est plus grand chose, à peine une image de malheur, une prédation dont parlent avec pertinence les samedis jaunes et les vendredis verts.
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