Tandis que les prix de l’immobilier flambent à Paris, des artistes ouvrent des squats. Après Le Post (Paris 9), le Jardin Denfert (Paris 14e) va faire pas mal de bruit.


En quelques semaines, tous les espaces furent distribués : des ateliers d’artistes, des piaules – une cinquantaine –, une salle de cinéma, un studio d’enregistrement, un bar – surnommé l’Aqua Bar -, une vaste cuisine, une champignonnière, une salle de danse et de répétition, des espaces séparés pour peinture à la bombe aérosol, des espaces d’exposition, un bureau d’accueil, un free shop, un atelier de réparation de vélos…
NAISSANCE DU JARDIN DENFERT
Le bâtiment semblait se déplier à l’infini sous la pression des nouveaux occupants et les couloirs interminables, tous identiques, achevaient de donner l’impression de s’être retrouvés dans un labyrinthe déglingué.
Le collectif aussi semblait passablement déglingué, car le bruit avait couru très vite dans Paris qu’un immense lieu avait ouvert à Denfert-Rochereau et chaque jour de nouveaux aspirants squatteurs venaient se présenter à la porte de l’ancien couvent pour demander asile, ou atelier.
Je proposai de nommer le lieu le « Jardin Denfert » et la plupart adoptèrent ce nom aussitôt.
Très vite, nous dûmes bloquer les admissions car nous étions débordés par les demandes qui nous parvenaient, chaque jour plus pressantes.
APPARITION DE LA FILLE AUX CHEVEUX BLEUS
Les choses tournèrent comme elles tournent toujours dans les squats : les premiers arrivés furent les premiers servis.
Règle injuste certes, mais il était hors de question pour nous de commencer à établir une liste de tous ceux qui voulaient entrer puis de demander à chacun de faire une demande par écrit, puis de sélectionner les uns ou les autres en fonction de… l’urgence, le talent, le genre, l’étrangeté, l’utilité, et quoi encore ?
Bref, le collectif se forma sur le tas et l’on put constater très vite qu’il était fort… hétéroclite ! Que ce soient en matière de pratique artistique, de raison sociale, d’origine, de provenance, d’âge ou de genre, cela partait dans tous les sens…
Et la dernière arrivée, une certaine Marguerite Stern, ex-Femen, ne dérogeait pas à la règle. Nous ne le savions pas encore mais cette jeune femme aux cheveux bleus, à la peau cuivrée et à l’énergie débordante allait bouleverser le monde.
> À (re)lire : les autres épisodes de la série Squat story.
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