À Marseille, l’épicerie autogérée Mini Cafoutch compte ouvrir une grande surface pour concurrencer les hypermarchés. Actuellement, elle fonctionne sans salariés. Le journal minimal suit l’aventure.
> Lire (relire) le 1er épisode : Cafoutch, la petite épicerie marseillaise qui monte, qui monte…
Jusqu’à l’année dernière, des subventions destinées à la transition économique et écologique des entreprises (1) avaient permis de financer deux postes au Mini Cafoutch. Mais ces aides n’ont pas été renouvelées. « Nous n’en avons pas fait la demande, explique Hugues, ex-salarié, comme Bénédicte. D’abord parce que cela prend beaucoup de temps et d’énergie de monter des dossiers de subventions, ensuite parce pour se concentrer sur le projet de supermarché, il valait mieux ne pas se focaliser sur notre épicerie ». Avec une surface de vente multipliée par 8 ou par 10, le Super Cafoutch aura, lui, les moyens d’embaucher.
RÉPARTITION DES TÂCHES
Toujours est-il que sans salariés, le Mini Cafoutch tourne. « Mon départ a redynamisé le projet, raconte Hugues, qui reste très impliqué. J’avais proposé au comité de gouvernance et à la branche approvisionnements de fermer la boutique en attendant le supermarché, mais ça a provoqué une levée de boucliers ».
BESOIN DE RENFORTS
« La mobilisation a pris », constate Raoul, référent de la branche approvisionnement et coopérateur de la première heure : « Une coopératrice s’occupe de relancer les gabians pour remplir le planning dont s’occupait Hugues, par exemple ». Autre nouveauté : les superviseurs. Constitués en petites équipes autour de pôles d’activités ils veillent à faire tourner la boutique. Premier bilan lors de la réunion mensuelle : les « acheteurs » ont besoin de renforts pour assurer le maintien des approvisionnements, et la paperasse et les fichiers Excel ont apparemment moins de succès que la caisse ou la logistique…
Paradoxalement, le terme d’autogestion ne fait pas florès auprès des coopérateurs. « C’est un mot qui fait penser au syndicalisme et à l’anarchie », d’après Hugues. Lui préfère parler de « gouvernance partagée ». « Je ne fais pas de politique dans le sens où, même si j’ai ma petite idée, je ne sais pas pour qui votent les autres coopérateurs. »
S’ADAPTER EN PERMANENCE
Faire travailler tout ce beau monde ensemble sur un projet collectif et non partisan, à un moment où se développe un discours sur le « repli sur soi » et le « sectarisme » a quelque chose de réjouissant. « Rien n’est tout blanc ou tout noir, estime Bénédicte. Pour l’approvisionnement, par exemple, on doit en permanence placer le curseur en fonctions de critères parfois contradictoires comme le bio local et des prix abordables, le système est imparfait : il demande de faire preuve d’ouverture et d’humilité ».
De fait, alors qu’une association réunit des gens ayant des affinités politiques ou une passion commune, Super Cafoutch rassemble des individus autour d’une activité aussi banale et triviale que faire ses courses.
> Découvrez la suite de Mon supermarché autogéré vendredi 27 mars 2020 dans le journal minimal.
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