Déjà éprouvée par la pandémie, la filière du vrac s’inquiète : un projet de décret remet en question la vente de détergents en libre-service.


Ce projet de décret remanié a été communiqué aux représentants de la filière le 31 décembre dernier, et ceux-ci ont été stupéfaits de découvrir que la vente en libre-service de savon de Marseille, de lessive, de liquide vaisselle, de nettoyant pour vitre, etc., tous ces produits ménagers de base, allait désormais être interdite. Le texte du ministère de l’Économie « montre une méconnaissance des bonnes pratiques et des équipements de vente du secteur », s’indigne Célia Rennesson, directrice générale de l’association professionnelle Réseau Vrac, qui explique que la distribution de détergents obéit déjà à des protocoles.
GARE AUX PAILLETTES DE SAVON !
Sur le terrain, la nouvelle a énormément choqué. « On l’a presque appris par accident, et on trouve cela violent », raconte Maria Mella, fondatrice de The Naked Shop, une petite enseigne parisienne spécialisé dans la vente en vrac de détergents et de cosmétiques. Avec des collègues, elle a lancé une pétition, qui a rassemblé 32 653 signatures en seulement trois semaines, notamment grâce à la mobilisation des clients, scandalisés par cette attaque contre la filière.
« C’EST UN CHOIX DE SOCIÉTÉ »
Ce texte semble « sorti de nulle part », s’étonne Maria Mella, qui souligne qu’en dix ans, aucun accident lié à l’achat en vrac de détergent n’est à déplorer. « Nous faisons tous super attention, nous respectons un cahier des charges pour protéger nos clients », ajoute-t-elle. Face au tollé, une nouvelle proposition serait en cours de rédaction au ministère. « On attend de voir si notre position sera prise en compte », indique prudemment Célia Rennesson, du Réseau Vrac. Les acteurs de la filière sont tous favorables à un encadrement de la vente en vrac, mais pas si celui-ci est en réalité une manière déguisée de l’interdire pour continuer à favoriser l’industrie de l’emballage.
Le minimum serait au moins que le ministère de l’Économie sache faire la différence entre le corrosif percarbonate de soude ou l’inoffensif liquide vaisselle à la main. « C’est un choix de société », estime Maria Mella. C’est aussi une nécessité : la loi Climat-Résilience ordonne en effet qu’il y ait 20 % de vrac dans les magasins de plus de 400 m2 en 2030. C’est dans pas si longtemps.
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